vendredi 28 août 2009

L'Irlande sous terre. L'ancêtre découvert. L'eau. Le choléra. La peste. Le typhus. Et le doux paysage de l'Islet. Le calme des fleuves. Eirance.




La modestie est le seul éclat qu'il soit permis d'ajouter à la gloire.


Charles Pinot Duclos


Le contentement du dernier voyage, qu'il ait été de courte ou de longue durée, ne devrait jamais pouvoir se lire mais seulement se dire. Parce que le Merveilleux finit toujours par manquer de mots. Mais comme nous savons qu'il en reste toujours quelques uns couchés de travers pour parler du Précieux, nous en écrirons encore.... Et ce soir, sur la Côte-du-Sud qui sommeille dans le rêve de la Rescapée, depuis le noir profond de son premier soir en terre d'accueil, le vert lumineux de votre Eire dans l'antre de ses deuils. Avoir marché sur vos âmes, frères. Avoir bu le paysage qui vous a vu renaître. Être entrée par la vision de votre drame. Avoir senti le parfum de vos espérances.


elquidam
Grosse-Île, 
le 27 août 2009 






mercredi 26 août 2009

Sur le trampoline de la Toile, les triples sautés. Aventuriers de l'arc-en-ciel dans les abreuvoirs à pluie. Traversée du bout de leur âge avancé.

RIVER
271


L'Acteur et le Metteur en scène sur et sous les planches. L'Observateur dans le caniveau des mots français. Comme un certain air de famille. La Vie.

THÉÂTRO
270


Nous irons loger dans vos petites têtes quelques beaux morceaux tendres d'insouciance. Nous ferons de vous des gros paquets de voleurs qui rient et toussent ensemble. Nous observerons par nos lunettes roses et embuées votre geste ainsi que votre parole. Et le reste, et le reste. Le Théâtre d'été chemine où les routes le mènent, dans des petites salles bondées de spectateurs enjoués, là où est pavé le meilleur de leurs intentions. Ce soir, dans la chaleureuse salle du Petit-Champain, nous pourrons enfin voir de plus près le beau Christian Michaud, et apprécier la mise en scène que l'on dit alerte de ce cher Hugues Frenette. Une sorte de période de réchauffement théâtrique, pour se préparer à l'arrivée du bel automne. Peut-être entendrons-nous des coulisses, le rire de Cyrano...

elquidam
le 26 août 2009


lundi 24 août 2009

À travers le miroir de sa Bête, l'Homme. L'ode jaune d'un crépuscule. L'étoile dans le vide de la promotion estivale. La manne des déserts de silence.



PLAIN-CHANT


Je n'aime pas dormir quand ta figure habite,
La nuit, contre mon cou ;
Car je pense à la mort laquelle vient trop vite,
Nous endormir beaucoup.

Je mourrai, tu vivras et c'est ce qui m'éveille!
Est-il une autre peur?
Un jour ne plus entendre auprès de mon oreille
Ton haleine et ton coeur.

Quoi, ce timide oiseau replié par le songe
Déserterait son nid !
Son nid d'où notre corps à deux têtes s'allonge
Par quatre pieds fini.

Puisse durer toujours une si grande joie
Qui cesse le matin,
Et dont l'ange chargé de construire ma voie
Allège mon destin.

Léger, je suis léger sous cette tête lourde
Qui semble de mon bloc,
Et reste en mon abri, muette, aveugle, sourde,
Malgré le chant du coq.

Cette tête coupée, allée en d'autres mondes,
Où règne une autre loi,
Plongeant dans le sommeil des racines profondes,
Loin de moi, près de moi.

Ah ! je voudrais, gardant ton profil sur ma gorge,
Par ta bouche qui dort
Entendre de tes seins la délicate forge
Souffler jusqu'à ma mort.

Jean Cocteau


Extrait de "Plain-Chant",
Poésie/Gallimard



Dans le district 9, l'Homme en l'Alien. La capture de leur néant plain chant. Un vaisseau grand comme un petit pays. Et des armes, Fils. Hélas !

LA CHUTE
267

jeudi 20 août 2009

mercredi 19 août 2009

L'instantané de l'heure des grands départs. Le sourire de l'Africaine dans le lumineux. L'échange du Présent. La lourdeur d'antan. L'adieu radieux.

L'AFRIQUOLANT
260


Au cœur des quenouilles, le chant du marais. Dans l'âme de l'amélanche, celui de l'oiseau. Dans les petits pots des fins gourmets, les fruits de la forêt. Dans le panier du Bénin fait main, le goût du pain. Dans la prunelle des yeux du jeune Lapin, son amour. Et son sommeil. Inconditionnels. L'heure des petits retours. Et du temps des carnivores...


elquidam
19 août 09



vendredi 14 août 2009

Rongeurs de vie. Galériens de rien. Voyageurs en choeur. Dans la chaleur de l'aoûtement. À la fin du rêve. Lorsqu'il prend de l'ample heure. Ciao !

FAMILLE FANTÔME
259


La famille Fantôme déménage de paysage. Elle part là où il y aura du fruit sauvage. L'instant d'un recueil, elle reviendra épuisée de ce langage d'entre les feuilles d'or du silence. Elle aimerait bien pouvoir y rencontrer une forme de plage sur laquelle un vieux chanteur de charme se serait par hasard échoué. Ils pourraient ainsi revenir transformés de ce voyage sans presque aucun bagage. Que de l'air neuf entre leurs poumons encrassés. Que de l'eau propre dans le Ruisseau des Amitiés. Et davantage de bras enlacés autour de leurs petits cous bronzés. Une étincelle dans les yeux. Une plume sur le bureau. Un parfum nouveau. Et quelques photos.

elquidam

ce 14 août 2009



mercredi 12 août 2009

Une bouchée de cyanure. Magnifique défaillance. Mots d'emprunt. Dessins remplis d'embruns. Pluie noire. Sang de coeur trouvé sur le banc de l'Oubli.







« Tout est dans le désir et dans le courage de ce désir »


LINO
La chambre de l'oubli



Le vide efficace et sa saveur.
Les murs qui ont des choses à dire.
L'homme cassé. L'ombre de son doute.
Le bruit de la pluie sur sa fenêtre.
Et le sourire d'une étrangère.

11 jours dans le silence.
Les formes du réel.
Les soeurs de son âme.

L'IRRUPTION. LA CHUTE.
La douleur fantôme.
L'ombre d'une lucidité.
Le silence creux de nos refuges.
La suite des choses.

Un grand pont de fer.
Des oiseaux. Des messagers.
Un escalier. 9, 8, 7, 6, 5, 4, 3, 2, 1...

EXIT

L'inaltérable.
La terre brûlée.
La veine de boue.
La pluie noire.
Une mer d'encre.
Le seuil du trépas.

Un léger froissement d'ailes.
Tous réunis à cette table.
Comme si nous étions depuis toujours une famille.



« Au fond, les choses ne sont peut-être pas si compliquées »

elquidam
avec les mots et illustrations de Lino



jeudi 6 août 2009

Dans le foin de ses orgies tranquilles, le Musicien s'effeuille. La beauté de l'hymne bulgare le recueille. Il resplendit sous le serpent.



Dédié à Yann Perreau,
l'homme qui revisite la Musique et les Mots,
comme il twiste et rock sur les tréteaux.






Une seule créature. Mille visages. Une empreinte. Celle de l'ange sur le démon. Un faux cil. La reine des discotekas. Un body. Une fée. Une madone.

D'autres yeux que ceux qui vous regardent. Que ceux des étranglés de la Voie Lactée. L'improbable vaincra le reste. (Et le reste). Allez en guerre.

D'AUTRES YEUX
255

Le pire tyran n'est pas l'homme qui gouverne par la terreur.
Le pire est celui qui gouverne par l'amour et en joue comme d'une harpe.


Gilbert Keith Chesterton
Poète et écrivain anglais né à Londres le 29 mai 1874,
décédé à Beaconsfield le 14 juin 1936




mardi 4 août 2009

Les yeux grand fermés, le rêve s'est allongé. L'orage aura capté l'aoûtement de l'été. L'Écureuil scrute des feuilles. Bien calé dans son fauteuil.

Marlène Jobert in L'Astragale

Il tonne juste un peu;
assez pour rêver mieux.



Au pays indécis de ses fantômes, nos voix rongée par la peur. Résurrection du fils maraudeur. L'empreinte de son âme sur nos pauvres petits coeurs.

Gravure de Gustave Doré, Vue de Londres





Lorsque, à la campagne, meurt la dernière lueur du jour au fond d'une allée; et que la voûte des arbres est maussade et noire. Lorsque, dans les parcs et les bois, les hautes fougères ruisselantes et la mousse gorgée d'eau, et les tapis de feuilles mortes et les troncs se perdent de vue en masses ténébreuses et insondables. Lorsque les brumes montent des fossés, des marais, des rivières. Lorsque les lumières aux fenêtres des vieilles demeures et des chaumières sont réconfortantes à voir. Lorsque le moulin s'arrête, que le charron et le forgeron ferment leurs ateliers, que s'abaisse la barrière de l'octroi, que charrue et herse sont abandonnées dans les champs, que le manoeuvre et son attelage rentrent au logis, que la sonnerie à l'horloge de l'église rend un son plus grave qu'à midi et que, pour cette nuit, personne ne poussera plus le portillon du cimetière.
p.20

L'HOMME HANTÉ
The haunted man and the ghost's bargain
Charles Dickens
traduit de l'anglais par Véronique David-Marescot
éditions Interférences


Dans les chambres des voyageurs, le bruit des eaux courantes.
Avec celui mat de leurs pieds nus sur les planchers.
Et la main pesante du Temps sur la mémoire de nos chagrins.
Avec le vent au visage qui rend l'homme plus sage.
Et leur oeil doué de vie.

(collage L.L.)


Sans doute quelque lueur matinale avait-elle pénétré à l'aveugle dans la crypte oubliée si froide, si terreuse, aux arches romanes à demi ensevelies, pour réveiller la sève engourdie de l'indolente végétation qui pendait sur les murs, et activer le lent principe de vie dans le petit monde de la délicate et merveilleuse opération qui existait là, avec la vague conscience que le soleil était levé.
(p.137)