samedi 9 janvier 2010

Mourning. Mes ailes ont perdu leur mode d'emploi. Je deviens ce que je ne suis pas. Lhasa était pourtant là. Chantant tout bas le grisant de sa voix.





I know
Je sais/



Le texte de Philippe Haeck, retranscrit pour usage futur. Le futur s'étant présenté la bette cette semaine, il m'a semblé " approprié " de l'inclure sur cette page de deuil...Avec la voix magnifique de Lhasa...


Neuf heures moins dix le soir


Une petite lumière jaune scintille dans la brume, un coup sourd de sirène, le phare. Autour de grosses roches des siècles antérieurs, l'écriture et la mer. Les vagues montent lisses puis tombent en filets tumultueux. Cette femme a peut-être mon sourire triste, abîmée et heureuse, j'aime ses poèmes---leur monotonie est ma musique. To love, to move perpetually as the body changes. Et le langage comme une ville. Et la poésie comme une note persistante à côté de la variété étourdissante des bruits des loisirs pour les masses. Ma langue blanche à force de ne pas trouver une oreille capable d'écouter le tumulte de nos esprits, les cris de nos fantômes. J'écris entouré de roches. Il est neuf moins dix. Le ciel est bourré de gros nuages: c'est ma réserve de paroles.


Pierre Haeck
extrait de LES GENS DU FLEUVE
Anthologie de poèmes inspirés du fleuve
publiée à l'automne 1993
aux Editions Trois-Pistoles



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